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Le casque de Gjermundbu

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Le 30 mars 1943, Universitetets Oldsaksamling à Olso fut avisé qu’un fermier, nommé Lars Gjermundbo, à trouvé et creusé un énorme tumulus sur sa terre près de la ferme de Gjermundbu, dans le conté de Buskerud au sud de la Norvège. L’endroit fut examiné par des archéologues (Marstrander et Blindheim) le mois suivant et les résultats sont fascinant

gjerm1Plan du tumulus, de Grieg 1947 : Pl. I.

Le tumulus était d’une longueur de 25 mètres, large de 8 mètre à son point le plus large et d’une hauteur de 1m80 au centre. La plupart du tumulus était composé de terre rocailleuse; cependant, l’intérieur de la partie centrale était fait de grandes pierres. Certaines de ces pierres ont même été retrouvées à la surface du tumulus. Au centre, à environ un mètre sous la surface, une première tombe à été découverte, dénommée Grav I. À 8 mètres de Grav 1, dans le même tumulus, une deuxième tombe à été découverte, Grav II. Les deux tombes sont des enterrements crématoires de la seconde moitié du 10è siècle et sont catalogués C27317. Les deux tombes ont été documentés par Sigurd Grieg dans Gjermundbufunnet : en høvdingegrav fra 900-årene fra Ringerike en 1947.

Grav I consiste en quelques douzaines d’objets identifiés comme étant des effets personnels et utilitaires à d’autres activités variées comme le combat, le tir à l’arc, l’équitation, le jeu et la cuisine. Entre autres, les trouvailles les plus intéressantes sont des objets uniques, comme le haubert et le casque, et sont devenues très connues et mentionnées dans chaque publication sur le sujet.

Předpokládaná rekonstrukce bojovníka uloženého v Gjermundbu, 10. století. Podle
Une reconstitution possible de l’équipement retrouvé dans Grav I de Gjermundbu. Pris dans Hjardar – Vike 2011 : 155. La forme de l’éventail reste le point faible de cette reconstitution.

Le casque est souvent décrit comme étant complet, et comme étant le seul casque restant de l’Époque Viking. Cependant, au moins deux raisons contredisent ceci. D’abord, le casque n’est en aucun cas complet. Il présente plusieurs signes de dommage et consiste en seulement 17 fragments, ce qui ne représente qu’un quart ou un tiers du casque complet. Pour être franc, les fragments du casque sont collés sur une matrice de plâtre (et certains d’entre eu sont dans la mauvaise position!) qui à la forme approximative du casque original. Des chercheurs mal informés présentent souvent cette version comme étant une reconstitution dans diverses sources, et cette tendance est par la suite copiée par les reconstituteurs et le public. Je suis d’accord avec Elisabeth Munksgaard (Munksgaard 1984 : 87) qui écrit : « Le casque de Gjermundbu n’est ni bien préservé, ni restauré. » 

L’état actuel du casque. Photo prise par Vegard Vike

Ensuite, ce n’est pas le seul casque existant, car il y a au moins 5 autres fragments de casques dispersés en Scandinavie et dans des zones de forte influence scandinave (Voir l’article Scandinavian helmets of the 10th century). Je suis au courant de l’existence de plusieurs trouvailles et descriptions non publiées, et dont la fiabilité ne peut être prouvée. Tout particulièrement, les fragments de casque trouvés à Tjele, au Danemark, sont très proches du casque de Gjermundbu, puisqu’ils consistent en un masque et huit étroites bandes de métal de 1 cm de large (Voir l’article The helmet from Tjele). En se basant sur le casque de Gjermundbu, les fragments de Tjele et le masque de Kyiv (la forme du casque du fragment de Lokrume est inconnue), on peut clairement dire que le casque à lunettes avec un masque décoré ont évolué des casque de la période Vendel et était la forme la plus dominante de casque scandinave jusqu’à l’an 1000, quand les casque coniques à nasal devinrent populaires.

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Une vieille reproduction du casque, par Erling Færgestad. Pris dans Grieg 1947: Pl. VI.

Pour être plus exact, le casque de Gjermundbu est le seul casque à lunettes de l’Époque Viking dont la construction est connue. Allons y jeter un œil!

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Schéma du casque. Fait par Tomáš Vlasatý et Tomáš Cajthaml.

Mon ami Tomáš Cajthaml à fait un très beau schéma du casque, selon mes instructions. Le schéma est basé sur les illustrations de Grieg, les photos du catalogue Unimus et les observations faites par le chercheur Vegard Vike

Le dôme du casque est formé de quatre plaques triangulaires (Bleu foncé). Dans l’espace entre les plaque, il y a une mince bande plate, qui est rivetée à une bande incurvée au dessus de l’espacement entre les deux plaques (Jaune). De l’arrière à l’avant, la bande plate est formée d’une seule pièce, aplatie en son centre (le haut du casque) et forme la base pour la pointe (Bleu pâle, le moyen de fixer la pointe m’est inconnue). Il y a deux bandes plates latérales (Vert). Les plaques triangulaires sont rivetées à chaque coin de la partie prolongée du morceau arrière-avant. Une large bande, avec des lignes visibles profilées, est rivetée au rebord du dôme (Rouge, on ne sait pas commence les boutes de ce morceau étaient connectés). Deux anneaux sont fiés au rebord de la large bande, probablement des restants d’un éventail. Devant, le masque décoré est riveté sur la bande.

© 2016 Kulturhistorisk museum, UiO

Puisque toutes les dimensions connues sont présentées dans le schéma, je vais ajouter quelques informations supplémentaires. D’abord, quatre bandes en quelque sortes incurvées sont montrées un peu différemment sur le schéma : elles sont plus incurvées au centre et affaissées proche de l’extrémité. Deuxièmement, la pointe est un détail très important et plus esthétique que pratique. En ce qui attrait à l’éventail, 5 anneaux avec les fragments du rebord du casque ont été retrouvés, espacés de 2,4-2,7 cm. Contrairement aux anneau du haubert, les anneaux du casque sont très épais et probablement buttés, car aucune trace de rivets n’est présent. On ne peut pas dire si ils représentent l’éventail, et si oui, ce à quoi il ressemblait ou si il était fixé à un fil passé à l’intérieur des anneaux (voir mon article sur les manières d’accrocher les éventails à l’époque). Le plus grand nombre d’anneaux ayant pu être accrochés autour du rebord est 17. Pour le masque, une analyse aux rayons X ont montré au moins 40 lignes formant des cils, similaires au masque du casque de Lokrume (voir l’article sur le casque de Lokrume). Les lignes sont trop peu profondes pour avoir été incrustées avec des fils de métal. À la place, un alliage de plomb et d’étain y a été appliqué et a fondu durant la crémation. Le masque démontre une construction en deux parties, se chevauchant et soudées à la forge au niveau des tempes et de la région du nez (selon une image aux rayons X prise par Vegard Vike). Il y a une différence importante entre l’épaisseur des plaques et de la large bande et celle du masque; le masque en lui-même montre des différences d’épaisseur. La surface du casque pouvait initialement avoir été polie, selon Vegard Vike.

Je suis prêt à parier que ces informations vont aider la nouvelle génération de reconstituteurs plus proches de l’historicité. Sans compter les anneaux, le casque pourrait avoir été composé de 14 pièces et au moins 33 rivets. Une telle construction est un peu surprenante et semble ne pas présenter une grande solidité. Selon moi, ce fait peut mener les reconstituteurs à un débat quant à savoir si le casque représente un objet à connotation martiale ou cérémonielle/symbolique. Je crois personnellement qu’il n’y a aucune raison de voir ces deux fonctions comme étant distinctes.

Je dois remercier mille fois mes amis Vegard Vike, qui a répondu à toutes mes réponses irritantes, au jeune artiste et reconstituteur Tomáš Cajthaml et Samuel Collin-Latour. J’espère que vous avez aimé lire cet article. Si vous avez des questions ou des commentaires, contactez moi ou laissez un commentaire sous l’article. Si vous souhaitez apprendre plus et supporter mon travail, vous pouvez financer mon projet sur Patreon ou Paypal.


Bibliographie

GRIEG, Sigurd (1947). Gjermundbufunnet : en høvdingegrav fra 900-årene fra Ringerike, Oslo.

HJARDAR, Kim – VIKE, Vegard (2011). Vikinger i krig, Oslo.

MUNKSGAARD, Elisabeth (1984). A Viking Age smith, his tools and his stock-in-trade. In: Offa 41, Neumünster, 85–89.

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